La Vie d’Adèle, chapitres 1 et 2

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C’est un film que l’on ira voir l’esprit sans doute gonflé d’a priori. Parce que sa sortie, précédée d’une polémique autour des rapports orageux entre le réalisateur et les comédiennes des rôles principaux, arrive également à la suite des débats sociétaux autour du mariage pour tous. La Vie d’Adèle, chapitres 1 et 2, réalisé par Abdellatif Kechiche, est un long-métrage qui dure 3 heures, mais n’est pas un film sur l’homosexualité de deux jeunes femmes, et je vais vous dire pourquoi.

Adèle est lycéenne, elle a 15 ans, elle vit dans le nord de la France, à Lille précisément. Fille unique d’une famille modeste et unie, ayant sans doute grandi dans des valeurs de gauche, elle aime le lycée, elle aime s’instruire. Elle sait ce qu’elle veut faire de sa vie, elle travaillera avec les enfants, car elle veut être institutrice. Passionnée de littérature classique, elle fait tâche au beau milieu de sa bande de copines de bahut, qui ne vivent que par les récits des expériences sexuelles plus ou moins réussies des unes ou des autres.

Adèle, sensiblement différente, ou tout simplement sensible, découvre au hasard d’une rencontre que l’amour véritable peut se concrétiser dans une femme. Cette jeune femme sera Emma, fille solaire aux cheveux bleus, vivant très librement son homosexualité. Emma est une artiste, elle termine les Beaux-Arts. Bercée par une famille recomposée qui a parfaitement compris et suivi les choix que lui imposaient sont orientation sexuelle, Emma ne souffre d’aucune difficulté matérielle, si ce n’est celle d’être en panne d’inspiration dans sa création.

Issues de milieux opposés, Adèle et Emma décident tout de même de s’aimer aux yeux de tous. C’est la fin du « chapitre 1 ». Quelques années plus tard, nous retrouvons une Adèle, affairée en parfaite maitresse de maison. Elle a réalisé son rêve, elle est devenue institutrice d’une classe de maternelle, elle est heureuse, elle est l’amoureuse et la muse de son Emma, dont la cote et la carrière d’artiste-peintre décollent.

Rien ne pourrait troubler cet équilibre parfait, si ce n’est l’éloignement d’Emma, et on investissement décroissant dans les projets du couple. Emma s’en va lentement, mais surement, elle se lasse d’Adèle, qu’elle ne juge pas suffisamment artiste, et trop investie dans son travail.

Finalement, c’est la rupture. Brutale, violente. Adèle a fauté par ennui avec son collègue de travail, Emma ne lui pardonnera jamais. Et nous suivons Adèle dans son intense chagrin, mais qui se relève quand même, tenue en l’air par la seule chose qui la passionne au demeurant, son travail d’enseignante.

Quelques temps plus tard, c’est l’épilogue. Les anciennes amantes se croisent autour d’un café, se jettent dans les bras l’une de l’autre, car ce qui reste entre elle, et ce qui les a toujours intensément liées, c’est leur attrait physique, marqué par les trois grandes scènes de leurs ébats tout au long du film.

La dernière rencontre se passera au cours d’un vernissage des oeuvres d’Emma, auquel Adèle est invitée. Adèle, la muse et l’inspiratrice, dont le visage figure sur la plupart des toiles exposées, quittera le théâtre des mondanités pour regagner la vie qui lui ressemble, sa vie, laissant derrière elle une Emma heureuse et entourée de son nouvel amour, artiste comme elle.

Pourquoi ce film n’est-il pas un film sur l’homosexualité ?

Parce que la sexualité des personnages n’est pas le sujet, ce n’est qu’un élément de décor. Le sujet, et je ne l’ai perçu que près d’une semaine plus tard, après avoir « digéré » ma projection, c’est tout simplement une réinterprétation de la lutte des classes, vu par le filtre de l’histoire d’amour.

Kechiche, finalement, livre un film social. Un film où transpire l’opposition entre deux castes, deux philosophies de la vie, l’une laborieuse et humaniste, l’autre oisive et individualiste. Et la bilan, c’est que même si chacune des parties veut bien donner le meilleur d’elle-même pour que ça fonctionne, un certain déterminisme (social) les éloignera au final, et l’histoire  sera impossible. Au demeurant, la Vie d’Adèle porte très justement son titre : c’est le destin de cette jeune fille que nous suivons pendant 3 heures, jeune fille qui devient adulte, qui aime, qui souffre, mais qui avance.

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