J’ai profité de mon dernier week-end pour aller au cinéma. Bohemian Rhapsody était l’un des films les plus attendus de l’année, l’attente ayant été poussée à son comble par un teasing bien travaillé et d’innombrables rebondissements dans la préparation et la production du film.
Le 31 octobre est enfin sorti le biopic sur Queen, le mythique groupe de rock anglais. Samedi soir, je me suis donc confortablement assise dans ma salle de cinéma pour profiter du spectacle. Voici mon petit débrief après 2h14 de bobine. Attention, spoiler alert.
Une personnalité très édulcorée
Tout d’abord, petit rappel historique et biographique. Queen est un groupe musical issu de Londres, formé en 1970 autour de Freddie Mercury, Brian May et Roger Taylor. Ces deux derniers étaient les membres d’un groupe dénommé Smile et ce n’est que l’année suivante, en 1971, que le bassiste John Deacon est venu compléter la formation. Le groupe s’est dissout à la fin de l’année 1991, au décès de son leader charismatique et chanteur Freddie Mercury.
Avec Bohemian Rhapsody, je m’attendais sincèrement à ce que le récit soit concentré sur la vie de Freddie Mercury, personnalité singulière et complexe, sur son génie musical et créatif et sur son implication dans la trajectoire de son groupe. L’affiche, qui représente le visage et la moustache très reconnaissables du chanteur, et les supports visuels m’avaient induit en erreur.
Les derniers membres du groupe, coproducteurs, ainsi que Mary Austin, l’ancienne fiancée et héritière de Freddie Mercury, ont eu un droit de regard sur l’écriture du scénario et la réalisation du film. Cette participation active à la création de l’oeuvre a contribué à rendre une copie lisse et consensuelle, tout à fait grand public. Freddie Mercury est présenté comme capricieux et immature, un peu antipathique par moments et très influençable.
Il y a quelques mois, Arte avait diffusé The Great Pretender, un documentaire et portrait passionnant de l’artiste aux multiples talents et facettes. Je m’étais déjà documenté sur la vie de Freddie Mercury et mes quelques connaissances se sont heurtées à ce récit biographique bien trop conventionnel.
Petits arrangements avec la réalité
Freddie Mercury n’a jamais fait de coming-out public mais n’a en revanche jamais caché son homosexualité, celle-ci étant à l’époque largement relayée par la presse people britannique au gré des confidences d’anciens amants. Le film a pris le parti de simplement suggérer cet aspect de sa vie et a en revanche focalisé le sujet de la vie sentimentale du chanteur sur sa relation avec Mary, sa fiancée et seule femme qui ai partagé son quotidien. Cette dernière est présente du début à la fin du film, passant même Jim Hutton, le dernier compagnon de Mercury de 1984 à sa mort en 1991, au second plan.
La réalité des temps forts de la carrière de Queen a également été réécrite pour le film. Le récit laisse entendre que le chanteur a brisé l’unité du groupe en 1982, en acceptant un engagement de 4 millions de dollars pour l’enregistrement de 2 albums solo. Puis en 1985, le scénario nous présente Freddie Mercury venant solliciter le « pardon » de ses acolytes pour se reformer en vue de leur participation au concert Live Aid donné le 13 juillet au stade de Wembley.
Les choses ne se sont pas réellement produites ainsi, puisque le groupe n’a jamais officialisé de rupture, chacun disposant de sa liberté de mener des projets solo. Le premier d’entre-eux ayant développé un projet solo est Roger Taylor, le batteur, en 1981.
Quelques incohérences sont aussi à relever quant à la connaissance par Freddie Mercury de sa propre maladie. Il a en effet été diagnostiqué comme porteur du VIH en 1987 (et non 1985) et son cercle intime a appris la triste nouvelle dans le même temps. Cela n’a cependant pas entamé la soif de travail du leader et de son groupe, puisqu’ils sont restés actifs en albums et en concerts jusqu’en 1991. J’ai personnellement regretté que le film s’arrête sur le Live Aid de 1985, alors que le groupe a donné l’année suivante, en 1986, un concert dans la même arène, à Wembley, qui est considéré comme le meilleur de toute leur carrière (et à disponible sur Youtube dans son intégralité).
Pour reproduire la dentition de Freddie Mercury, Rami Malek est affublé d’une prothèse dentaire (trop) imposante, qui l’oblige à faire des efforts visibles pour parfois pouvoir fermer la bouche. Le film est tout de même porté par l’énergie des acteurs, qui ont réellement prix leur rôle à coeur et qui relèvent les faiblesses du scénario.
Pour conclure, je dirais que Bohemian Rhapsody reste un film divertissant sur un groupe légendaire de la musique contemporaine, mais pas le chef d’œuvre de l’année. Je suis personnellement attachée au genre du biopic parce qu’il permet d’entrer de manière plus intime dans la vie du ou des personnages auxquels il s’attache. J’ai été cette fois-ci déçue que le film ne prenne pas plus de risques et se borne à narrer une histoire bien trop convenue.
Il ne vous reste plus qu’aller vous faire votre propre opinion en salles avant le retrait de la distribution, mais devant le succès du film, il est probable qu’il soit encore en salles jusqu’à la fin de l’année.
Avez-vous déjà vu le biopic dédié à Queen ? Qu’en avez-vous pensé ? Je vous invite à me laisser votre commentaire à ce sujet je serais ravie d’en discuter avec vous 🙂
Une belle journée et à très vite !
Merci pour ta critique ! Je viens de voir le film hier et j’ai trouvé le film très chouette même si le scénar est assez convenue comme tu le disais. Sans parler des arrangements avec la vérité. Pour info le doc the Great Pretender est de retour sur Arte pour quelques semaines.
Auteur / autrice
Avec plaisir Thomas ! Merci pour l’info à propos du documentaire. Belle fin de semaine à toi.