Site icon https://mademoisellemodeuse.com/

Moi, Alexandra, princesse aux grands pieds…

IMG_9200

41.

Ce chiffre, c’est celui sur lequel repose mon équilibre au quotidien, c’est celui sur lequel je me dresse, avec lequel je peux avancer dans la vie. 41, c’est ma pointure de chaussures.

Je crois toujours avoir fait du 41. Du moins, je n’ai pas de souvenirs précis de l’époque où enfant et adolescente, je me chaussais plus petit. Peut-etre parce que ce n’est pas moi, mais ma mère, qui avait le souci de me trouver des godasses.

Toujours est-il que mon 41, je n’ai eu assez tôt, je devais avoir 13 ou 14 ans. La plaie pour se chausser, je l’ai découverte à ce moment-là, et elle ne m’a jamais quitté. Car aujourd’hui comme il y a 15 ans, il m’est toujours difficile de trouver chaussure à mon pied. Et ce qui jusqu’ici n’était qu’une simple contrariété depuis, avec le temps, une véritable colère : pourquoi tant de difficultés ?

Ma colère s’est déclenchée il y a quelques heures. J’étais dans la boutique d’une enseigne de la chaussure de grande qualité, d’origine italienne. Je cherche une paire de bottes pour cet hiver, j’ai le budget qu’il faut, je suis déterminée, je veux ressortir de cet endroit avec mon shopping-bag, et, accessoirement, ma paire de bottes en cuir noir et à talons hauts, bref, ce concentré de glamour en quelques centimètres-carré de matière.

J’avais repéré un modèle mortel sur l’e-shop, et je viens en magasin pour essayer, au pire, commander ma pointure pour essayer plus tard, l’idée est quand même de devenir l’heureuse propriétaire de ces bottes chéries (au passage, comme toute accro de mode que je suis, je précise que l’amour des chaussures est chez moi pathologique…)

Quelle ne fut pas ma surprise, au moment de demander ma pointure, à savoir le 41, d’entendre en réponse « Mademoiselle, ce modèle n’existe que jusqu’en 40…Nous ne faisons pas les grandes tailles… »

Surréaliste. Le 41 est donc nomenclaturé « grande taille ». Habituellement, la déception vient du fait que le 41 est le seul exemplaire dans une série complète de tailles d’un même modèle, et qu’il est très souvent vendu très vite.

Et effectivement, en faisant un tour rapide du magasin, je réalise que près des 3/4 des modèles ne vont que jusqu’au 40…Et ce n’est pas la première première fois qu’un chausseur retire de ses collections cette pointure de fin de course…

Je quitte la boutique, déçue par cette expérience malheureuse. Qui finalement me fait réfléchir à la situation qui nous est imposée à nous, consommatrices.

Qu’est ce qui justifie finalement que souvent, nous ne puissions pas trouver notre compte quand on veut s’équiper des pieds à la tête ?

L’explication est que la mode est soumise à des normes, qui répondent à une réalité faite de données moyennes : je me suis penchée sur les chiffres de la dernière campagne nationale de mensuration, datée de 2006, qui révèlent par exemple, en matière de chaussures, que 22% des femmes chaussent du 37, et 23% chaussent du 38. Et 5% des femmes chaussent du 41. Mais est-ce parce qu’un groupe est minoritaire qu’il n’a pas droit à la parole ? Personnellement, je ne crois pas.

Même chose pour l’habillement : les résultats de cette même campagne indiquent successivement que 21% des femmes s’habillent en 40, 16,5% en 42, 14% en 38 et en 44. Ce n’est à mon sens pas une raison pour oublier de penser à celles qui s’équipent en 36 et moins, autant en 46 et plus.

Je persiste à penser que si les marques faisaient l’effort de s’adapter à un éventail plus large de consommatrices, ce ne serait que bénéfice pour elles, tant en terme d’image que de chiffre d’affaires.

Mais tout le secteur de la chaussure n’est pas à blâmer, car certaines marques telles Georgia Rose, disponible sur Sarenza.com, ou Mellow Yellow vont jusqu’au 42, et d’autres, comme André, gardent un chaussant très géréreux… Ce qui me laisse encore de belles possibilités d’accroitre ma collection personnelle de souliers, pointure 41 !

Comments

comments