Je me fais une joie de vous retrouver, chères lectrices et chers lecteurs, après une abstinence de publication due à un week-end au rythme soutenu sur Paris.
L’agenda de la semaine sera donc parisien, et aujourd’hui, je vous prodigue mes idées culturelles du moment pour un après-midi sous le signe de la flânerie et de la confrontation artistique, à Paris.
L’exposition
Depuis le 20 octobre et jusqu’au 6 janvier 2014 se tient à la Conciergerie une exposition temporaire organisée par le Centre des Musées Nationaux, et composée d’un extrait des collections personnelles de François Pinault.
Petit rappel : François Pinault est un homme d’affaires français, propriétaire du groupe Kering (ancien Pinault-Printemps-Redoute), 59ème fortune mondiale et 3ème fortune française en 2012, mais également passionné d’art moderne et contemporain. Sa collection personnelle compte à l’heure actuelle près de 3 000 oeuvres.
A Triple Tour représente la première présentation importante à Paris d’oeuvres extraite de la Collection Pinault : le choix du thème s’est porté sur l’enfermement tant il paraissait souhaitable d’établir une résonance forte entre ces oeuvres contemporaines et le cadre imposant de la Conciergerie dont l’histoire fut aussi celle d’un lieu de détention.
Ce n’est pas la première fois que le collectionneur partage ses oeuvres avec le grand public, puisqu’une précédente exposition temporaire, Mapping the Studio, s’était tenue en 2009 à Venise : j’avais eu la chance de pouvoir la visiter, et c’est d’ailleurs là-bas que se situent les deux musées dédiés à l’exposition permanente d’une partie des oeuvres de la collection Pinault.
Toutes les oeuvres, dans la diversité de leurs formats et de leurs supports (installations vidéo, peintures, sculptures, photographies…) renvoient à toutes les formes de l’enfermement, l’enfermement pénal, l’enfermement politique,l’enfermement psychologique et mental, voire l’enfermement affectif. Et qu’elles abordent ce sujet de façon grave ou avec humour, toutes ces oeuvres témoignent de la capacité des artistes contemporains à réagir et à prendre parti.
L’oeuvre présentée ci-dessus est peut-être la plus marquante de l’exposition : réalisée par le duo d’artistes chinois Sun Yuan et Peng Yu, elle est composée de 13 sculptures hyperréalistes de vieillards assoupis dans des fauteuils roulants motorisés, errant ainsi dans la pièce, formant un ballet macabre. Arborant chacun les attributs d’un pouvoir militaire, politique ou religieux, cette oeuvre revisite le style de la vanité, et nous rappelle avec humour que le leader doté de pouvoir n’en reste pas moins un homme.
Au théâtre…
Depuis la rentrée de septembre 2013 se joue au Théâtre de l’Atelier La Locandiera de Carlo Goldoni. Le rôle-titre de cette comédie italienne du 18ème siècle est interprété par Dominique Blanc, qui rayonne par la maturité de son jeu, et par la fraicheur de son interprétation.
L’histoire ? Un hôtel garni à Florence. Un Chevalier misogyne qui a juré de ne jamais tomber amoureux. Une aubergiste qui parie que cet homme finira à ses pieds. Dans La Locandiera, Goldoni nous raconte l’histoire de deux êtres épris de liberté. Deux êtres ayant renoncé à l’amour, mais qui pourraient bien, pour la seule et unique fois de leur existence, le rencontrer puis le perdre à jamais.
L’histoire, intemporelle, car classique et moderne, ne sombre absolument pas dans une interprétation hors d’âge, et c’est un bon moment de théâtre que d’aller voir La Locandiera à l’Atelier. On rit, sans oublier la cruauté de l’intrigue, qui fat tout le sel de la pièce. Les deux comédiens qui s’affrontent dans les rôles principaux (Dominique Blanc dans le rôle de Mirandolina et André Marcon dans le rôle du Chevalier) sont exceptionnels de justesse, tout comme les autres comédiens de la pièce. Courrez-y avant le 25 janvier prochain.